Le Scarabée
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Ce sera sans moi !

par ARNO*
mise en ligne : 23 septembre 1996
 

Quand je pense à toutes ces belles manifs qui nous attendent...

J’AI vraiment pas de chance ! Je m’étais promis d’aller à toutes les manifs de la rentrée sociale, de soutenir par mon indispensable présence les travailleurs et les travailleuses, les étudiants et les étudiantes, les agriculteurs et les vaches, de tout dénoncer en bloc et en particulier, de manifester mon refus de tout (l’Europe, la mondialisation, la Corse, la capitalisme, l’avortement, l’Ecole publique, le pape, Valmy, le SIDA, la capote...) et de contre-manifester mon soutien à tout (l’Europe, la mondialisation, la Corse, le capitalisme...).

Avec les agriculteurs j’aurais réclamé des sous, avec les enseignants des moyens, avec les policiers des effectifs supplémentaires, avec les conducteurs du métro plus de sécurité, avec les usagers de la RATP plus de métros, avec les curés j’aurais condamné l’avortement, avec les francs-maçons j’aurais été anti-clérical... J’aurais été partout, tout le temps.

J’aurais scandé des slogans déstabilisateurs (« Avec Chirac, on en chie et on raque ! »), j’aurais condamné avec insolence l’action du gouvernement (« Juppé, c’est loupé, Juppé, c’est rapé ! »), j’en aurais appelé à nos grands hommes (« Shwartzenberg, avec nous ! »), tout ça sur le rythme de « Camarades, continuons le combat ».

Comme promis, la rentrée sociale aurait été chaude, j’aurais tout cassé (les barrières de sécurité puis les CRS), j’aurais mis Paris à feu et à sang, j’aurais apporté mes propres pavés, j’aurais fait brûler les poubelles (celles avec des roues qui roulent au diesel), Chirac aurait fuit à Baden Baden...

Et puis là, je me suis bêtement fait surprendre par une averse glacée, je suis malade comme un chien, le voix cassée, la gorge qui brûle, les jambes en compote. La révolution se fera sans moi !

C’est pas juste, c’est toujours les mêmes qui s’amusent...

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