« Pensez-vous qu’il a trop de journaux en France ? » Oui ? Non ?
La semaine dernière (je n’ai pas pu vous en causer alors, j’étais en grève), un sondage nous est tombé dessus : plus de la moitié des Français affirmeraient qu’il y a « trop d’arabes en France ». Conclusion logique : un Français sur deux est raciste.
Sauf que oui mais non !
C’est quoi cette question ? « Bonjour monsieur, est-ce que vous pensez qu’il y a trop d’arabes en France, c’est pour un sondage ? ». Qu’il y ait une tripotée de cons en France, je veux bien. Mais, justement, ce sondage ne s’adresse qu’à eux ; à une telle question, le citoyen normalement constitué répond : « non mais qu’est-ce que c’est que cette connerie, foutez-moi la paix avec vos questions de merde ! ».
« Oui mais alors », insiste le sondeur, « est-ce qu’il y a trop d’arabes en France ? ». Et là, notre con hésite : « oui, enfin, non, je veux dire, euh, je suis pas raciste, m’enfin quand même, y’en a beaucoup, trop je sais pas, m’enfin beaucoup, oui... ». Le sondeur conclut : « alors, oui, plutôt oui, plutôt non, non ? ».
Je suis bien d’accord : pour accepter de cocher « trop d’arabes », il faut déjà en tenir une bonne couche. Mais cela va-t-il forcément plus loin ? L’explication d’un tel choix, est-ce du racisme pur et simple, de la xénophobie, un réflexe identitaire, religieux, du protectionnisme économique, un dressage médiatique, une connerie sécuritaire, est-ce l’amalgame « insécurité - jeunes - arabes » ou le classique « immigration - chômage », est-ce l’argument chevènementiste « trop d’immigration tue l’intégration »... ? La question a l’avantage de simplifier à l’extrême pour ne conserver que l’intolérable expression de la bêtise.
Avec une telle question, on ne peut s’attendre qu’à une grosse connerie, dès lors que l’interviewé a accepté de répondre. Un piège à con, rien de plus.
En allant par là, et nous le savons, il est possible de faire dire tout et n’importe quoi à un sondage...
« Bonjour madame, c’est pour un sondage, pensez-vous que l’on puisse obtenir de très importantes responsabilités politiques tout en conservant l’innocence juvénile de la pure colombe ou qu’au contraire on soit obligé d’en passer par quelques manoeuvres et quelques mensonges ? ». A la Une, ça donnerait : « Les deux tiers des Français pensent que leurs dirigeants politiques sont tous menteurs et manoeuvriers ».
« Bonjour mademoiselle, trouvez-vous normal que, pour faire monter ses cours en bourse, une entreprise se livre à des licenciements massifs ? ». Hop, conclusion inattaquable : « 82% des Français se déclarent révolutionnaires anticapitalistes ». Ca aurait de la gueule, en couverture de l’Express...
« Madame, si votre fille avait des relations (buccales, les relations) avec un homme politique, devrait-elle être livrée en pâture, pour cette raison, à tous les médias de la planète ? ». Ca donnerait : « 71% des Français pensent qu’on n’aurait pas dû parler de l’affaire Lewinsky ». A l’inverse : « Bonjour, c’est pour un sondage... si un homme politique, qui utilise l’image de son mariage et son credo dans les valeurs familiales pour promouvoir sa carrière politique, se livre à des relations adultérines avec une jeune femme qui pourrait être sa fille, faut-il que les journaux en informent le public ? ». Et voilà : « 71% des Français pensent qu’il fallait parler de l’affaire Lewinsky ».
Le journal qui a eu le bon goût de commander le sondage « trop d’arabes » n’a certainement pas rendu honneur à la presse, à sa mission d’information et à sa déontologie. Mais, après tout, la presse est libre d’être à chier, on ne va pas s’en plaindre. D’ailleurs, il faudrait en faire un sondage. « Bonjour monsieur, vous arrive-t-il d’utiliser du papier journal en remplacement du papier hygiénique lorsque ce dernier vient à manquer ? ». Conclusion éclatante : « 92% des Français se torchent avec la liberté de la presse » !
J’avais été agréablement surpris par la qualité de vos articles, votre sens de la dérision, votre ton provocateur et cet inimitable style anti-conformiste.
Enfin me disais-je, un jeune homme (comme moi), épargné par le politiquement correct et la débilité collective. Enfin quelqu’un qui ose appeler un chat un chat ! Bref, enfin un esprit libre…
Mais qu’elle ne fut pas ma déception en lisant cet édito.
Voilà que le jeune Don Quichotte à l’épée vengeresse, l’audacieux chroniqueur de la société bidon, le « non débilisé » du net s’effondre lamentablement sur la sempiternelle question du racisme.
Ne croyez vous pas que n’importe qui pourrait répondre oui à la question « y a-t-il trop d’anglais en Normandie ? » sans être taxé de raciste ? Mais à la question « y a-t-il trop d’arabes en France »… Le no-comment est de rigueur, ou bien la révolte s’impose.
Dans d’autres articles, notre héros de la plume dénigre (avec talent il faut dire), l’institution militaire !
Quel grand classique… « La guerre c’est mal, les troufions sont des cons. »
Ces militaires, qui semblent vous en avoir fais baver plus que les gardiens des goulags, moi je les aimes bien. Ils sont peut-être incultes, mais cela a le mérite d’être reposant.
Ils sont peut-être cons, mais leur métiers ne suppose pas de philosopher sur internet.
En revanche, ils connaissent l’effort gratuit, l’abnégation, les actes désintéressés, la vraie camaraderie…
Il est certes courageux de remettre à leur place les cancres de 68 (comme vous l’avez brillamment fais dans un autre édito), mais permettez moi de conclure en vous disant ceci :
Considérant la majorité comme une connerie, en l’an 2000, le véritable anti-conformisme consiste à défendre les valeurs rejetées par cette même majorité.
Les valeurs d’honneur, de travail, de famille, de Patrie, d’ honnêteté, de devoir, d’amour, de compassion, de respect, de dignité… Bref, tout ce qui est qualifié de ringard.
Ces valeurs qui ont fait la civilisation (et à quel prix) et sur les quelles nous crachons aujourd’hui.
Alors pitié, n’employez pas la méthode RAX (racisme, antisémitisme, xénophobie).
Ils sont légion à nous la sortir à longueur de journée ; médias, chanteurs, acteurs, politiciens, militants, syndicats, associations de tout poil…
Vous avez des idées courageuses, ayez donc le courage de vos idées.
Amicalement tout de même.
A. Chevallier.
je suis très intéréssée par les webzine, je trouve cela super mais une seule ombre c’est que vous semblez etre jeunes et je me demande ce que deviendra toute cette contestation une fois que vous serez casés..nana gosses etc...moi qui ne le suis plus 46 ans j’ai vu tous les contestataires de ma génération virer et je dois dire que je suis une des rares a avoir gardé la porte ouverte et de toujours avoir ces idées meme si la société a évolué mon esprit est resté le meme contestataire, c’est votre jeunesse qui me fait douter et de moi est-ce bien normal et de vous le jour ou ils auront des situations ils renieront peut-etre helène.
vous parlez tous du racisme comme s’il n’existait pas , ou que sortir cet argument n’est que les gérémiades de personnes sans intérêt ;
mais ce n’est qu’une fatalité ;
ce n’est pas vous qui êtes humilié chaque jour,
chaque instant à cause de votre origine de votre race,
on se croit indigne et igniorants ;
même sur Internet, ce monde si ouvert qui aujourd’hui est l’image de la collectivité et de l’unicité ;
et bien le racisme s’y trouve ;
et j’en été la victime ;
même si je me trouve dans mon propre pays ;
renançant ainsi à ma fascination envers d’autres peuples ;
Sur www.wanasay.com, (le sondage merdique mais pas tant que ça en continu), on peut approfondir le sujet sur les thèmes "durs". Exemple aujourd’hui, sur l’hypocrisie des tortionnaires Français de la guerre d’Algérie qui disent avoir torturé pour sauver des vies, cette question : pour sauver 10 Algériens, peut on torturer 1 Français ?
Je ne vais pas prendre le parti contraire à cet article, puisque, dans les grandes lignes je suis d’accord. Cependant, je crois que tu te laisse emporter par la forme de ton article et que tu n’exploite pas réellement le fond. Sur la forme, il est évident que ce sondage, comme bien d’autres, ne vaut pas un clou.
Les questions "les français sont ils racistes ?", "Les arabes sont ils plus victimes que les autres du racisme ?",..., sont importantes a poser. Malheureusement, on le sait, dans nos rangs nous comptons une bonne tripotée de cons qui vont répondre différement, comme tu l’a si bien expliquer, à la même question selon la manière dont elle est tournée. Mais tout le monde fais pareil, plus ou moins. Il n’en reste pas moins que, ne pas poser ces questions dans un journal (ou ailleur) revient à négliger un problème social d’ampleur. Il est toutefois bon de rappeler à la presse que de vendre c’est bien, raconter des conneries c’est autre chose. Il serai sans doute préférable que les questions qui soient posées ressemble un peu plus à "Pourquoi les français sont-ils racistes ?", "Pourquoi les délinquants sont 3 fois sur 5 des arabes ? d’après les stats",... On est d’accord ce sondage était merdique, il n’empêche qu’il est important de soulever ces problèmes. Une autre question doit donc être posée : "La presse doit-elle être réellement libre de dire toutes les conneries que le connard de base voudrai entendre ?"
"Je suis bien dÉ-accord : pour accepter de cocher « trop dÉ-arabes », il faut déjà en tenir une bonne couche." Je crois que la est le noeud du probleme.
Ce qui ne veu pas dire que les sondages veulent dire quelque chose mais cet article n’est pas
bravoooooooooooooo
Je me méfie des gens qui traitent tous les autres de racistes, et qui en plus, se sentent obligés de prendre un air supérieur en répétant le mot "con" une fois toutes les deux lignes, afin de bien faire comprendre que, non, non, eux ne sont surtout pas racistes. (d’ailleurs, vous aurez remarqué que, de tous les défauts, le racisme est le seul à être systématiquement accompagné d’insultes). Je m’en méfie parce que très souvent, ces gens-là sont eux-mêmes des racistes qui ne s’assument pas.
Vous pensez que je délire ? Pas du tout : le propre des victimes de racisme, et c’est compréhensible, est de devenir paranoïaque à force de subir des quolibets ou même de véritables discriminations (qui constituent le seul véritable problème, les quolibets n’étant pas bien méchants, vu qu’on a les mêmes pour tout type de personnes, et pas seulement selon leur "race"). Or cette paranoïa fait naître une attitude défensive qui consiste à se méfier de l’autre, qui est dès lors considéré comme un ennemi, et conduit la victime à se transformer à son tour en coupable de racisme envers le "bord d’en face". Or donc, si cela est parfaitement compréhensible pour les véritables victimes de racisme, même si le politiquement correct ambiant m’agace à ne mentionner le racisme que dans un sens, celui des méchants blancs contre les gentils arabes et les gentils noirs, c’est en revanche beaucoup plus incongru pour les personnes qui ne sont pas directement concerné par ce racisme-là. Car leur réaction est alors malsaine : au lieu de rester neutre en essayant de considérer la situation avec un certain recul, ils adoptent le point de vue des victimes habituelles, à savoir celui des minorités, en s’opposant à celui de la majorité, et deviennent par conséquent à leur tour raciste envers la majorité alors qu’au départ ils n’ont aucune excuse pour cela.
C’est ce qu’on appelle un anti-raciste : un anti-raciste n’est pas un non-raciste, c’est quelqu’un qui, en pensant combattre le racisme, adopte un racisme en l’envers, et partant ne fait qu’envenimer la situation à devenant à son tour un raciste.