Le dernier géant de la littérature du Honduras s’est éteint cet été à Tegucigalpa. Il n’est ni étonnant ni indifférent que la grande presse bourgeoise ne lui ait consacré le moindre entrefilet nécrologique. La vie d’Ignacio Radiguet, en effet, échappe presque totalement aux réductions ethniques, linguistiques, sociales et politiques qui permettent au journalisme de comprendre le monde.
L’auteur de ces lignes s’autorisera donc ici à corriger cette injustice, et le lecteur voudra bien lui pardonner cette audace. La légitimité de cette intervention, je la tire de trois événements certes contradictoires mais non sans importance :
Une courte enquête dans le monde de la critique littéraire parisiano-centrée permet de lever le voile sur les raisons réelles de l’occultation proprement sidérante dont la disparition de l’illustre auteur a fait l’objet.
– Le spécialiste des auteurs d’Amérique Latine du supplément littéraire du Monde m’a avoué avoir renoncé à traiter ce sujet suite à un conflit interne à la rédaction du quotidien vespéral : une partie de la rédaction considérait que les habitants du Honduras étaient les « hondurassiens », une autre qu’il s’agissait des « honduris », et lui-même soutenait que Honduras se trouvait quelque part entre Pau et la frontière du pays basque espagnol.
– À Libération, on m’indiqua qu’il était hors de question d’évoquer un auteur mort dans un tube de dentifrice. Je leur ai vigoureusement fait savoir qu’une telle pratique était indigne d’un quotidien autogéré sur les bases du socialisme réel, et que, non, « Tegucigalpa » n’est pas un dentifrice qui soigne la gingivite.
– Seul le Monde diplomatique, le mensuel de l’alter-gauche, s’est fendu d’une double page extrêmement laudative sur le grand homme. Cependant, suite à une erreur de prononciation lors d’un échange téléphonique, l’universitaire chargé de la rédaction de la notice nécrologique nous indique que « Igniacio Radiguet fut l’un des plus brillants et influents intellectuels du XXe siècle » et qu’il « assuma courageusement, jusqu’au dernier moment, sa tâche de directeur de notre journal ». On remarquera que, dans la logique de cette confusion, Jean-Marie Colombani ne s’est même pas dérangé pour envoyer un petit mot gentil aux proches de monsieur Ramonet.
– C’est vers l’internet qu’il faut se tourner pour en savoir plus ; une brève du réseau Indymedia souligne ainsi que « Iniassio Radigais a été le fère de lanse de la contestassion contre l’impérialisme américain » ; la notice bibliographique est suivie de plusieurs photographies de cadavres d’enfants palestiniens, accompagnées de la question : « Iniassio Radigais aurait-il accepté ça ? »
Ignacio Radiguet, cet inconnu célèbre
Né en 1934 à Santa Rosa di Copan, petite ville proche de la frontière que le Honduras partage avec le Guatemala, Ignacio Radiguet est d’origine métissée (Ladinos), issu d’une culture mélangeant des souches espagnoles et indiennes. On y trouve évidemment de nombreuses traces de la culture des Garifunas (mais était-il besoin de le préciser ?).
Issu de la petite paysannerie sans terres, il resta toute sa vie fidèle à son milieu et à sa langue, un créole mélangeant le yorouba, le français, l’espagnol, l’anglais et l’arawak. Il refusa d’ailleurs systématiquement que son œuvre fût traduite en d’autres langues. Mais le lecteur francophone pourra sans difficulté consulter les textes dans leur version d’origine, le créole hondurien étant très proche du créole vatican, que la facétie populaire a, de longue date, baptisé du surnom affectueux « latin de cuisine ».
Lui-même aimait se présenter comme un « paysan-poète ». Ce qu’il resta sa vie durant, en admettant qu’il ne pratiqua jamais par lui-même aucune des activités définissant le métier de paysan. Déjà, Ignacio Radiguet échappe aux catégorisations si pratiques de la pensée bourgeoise.
L’autre titre qu’il se plaisait à se donner fut d’ailleurs repris dans la chanson du célèbre groupe altermondialiste, sataniste et nécrophile dont le nom est désormais interdit, sous le titre « Au Sombrero de l’Amer » (Barclay, 1989). Là encore, l’auteur brouille les pistes pour échapper aux catégories typiques des petits-bourgeois, puisqu’il trouvait que le port du sombrero ne lui convenait pas du tout.
Il se rendit célèbre en forgeant très tôt l’expression « tisser du lien social », dans son fameux pamphlet Las barricadas symbolicas (Editiones del realismo socialisto, New York, 1956) : « Las barricadas del spirito seran renversado, par la simpla applicacion del principio fundamental de la functiona primera del populo, que es de tissare el linko sociale. » On notera, à travers ce court extrait, la beauté d’une langue simple et rustre, efficace et directe.
Une autre contradiction d’Ignacio Radiguet, toujours dans le but revendiqué d’échapper aux classifications simplistes, consistait à écrire dans une langue utilisée uniquement par une population totalement analphabète, alors même que ses lecteurs potentiels (les grands propriétaires terriens soutenus par les américains de la United Fruit) se font un devoir de ne pas la comprendre.
La subversion par la sous-culture
La grande œuvre du maître Radiguet, évidemment totalement incomprise des cercles littéraires traditionnels, fut Las Bordelas del Spirito (Editiones popularios por un marxismus-leninismus applicado alla libercion del proletarios, Los Angeles, 1964), publié sous la forme apparente d’un petit roman de gare.
L’ouvrage adopte la forme totalement anecdotique d’un roman pornographique. En première lecture, on n’y trouve qu’une succession de scènes graveleuses et répétitives, bourrées de fautes d’orthographe. Mais la dernière phrase du livre, à la tonalité énigmatique, suggère au lecteur que ces « fautes » ne sont pas totalement fortuites. Reprenant la lecture ab initio, on découvre ainsi qu’il s’agit de subtiles jeux de mots introduisant des distorsions complètes du champ sémantique et que chaque scénette pornographique contient, de façon totalement occultée, mais révélée par les « fautes » d’orthographe, une dénonciation subversive de la société hondurienne.
Ainsi, le terme « double-pénétration », privé du « r », évoque irrémédiablement, dans le créole si particulier des Ladinas, et à la condition de le prononcer avec l’accent extrêmement guttural de la région de Santa Rosa di Copan, un autre terme qui désigne, lui, la souffrance de la petite paysannerie, exploitée par les grands propriétaires américanophiles et ignorée par la ligne officielle d’un parti communiste local basé sur la promotion d’un prolétariat ouvrier totalement inexistant dans ce pays.
Jeux de miroirs et de labyrinthes
L’autre œuvre incontournable d’Ignacio Radiguet est El miror que se prenado por dios (Editiones autogerado por la collectivisacion del moyennes de producion, Miami, 1974).
Cette fois, la beauté et la simplicité rustique de la langue ladinas sont mises au service d’un conte philosophique étonnant. L’anecdote est la description d’un livre imaginaire dont l’auteur raconterait l’histoire d’un miroir qui prend conscience de sa propre existence. Le miroir, doué du pouvoir de multiplier les hommes qui s’y mirent, mais dont l’existence n’est justifiée que par la présence de ces hommes, devient une métaphore marxiste de l’idée de dieu. Finalement, installé dans un labyrinthe lui-même constitué de miroirs, celui-ci sombre dans la folie et meurt.
Le livre fut salué comme un chef-d’œuvre par le New York Times, le Washington Post et le Courrier picard.
Faisant à nouveau voler en éclat les conventions du genre, Ignacio Radiguet expliqua par la suite que lui-même ne comprenait rigoureusement rien à son propre roman, et qu’il s’était bien foutu de la gueule du monde. Mise en abîme d’une mise en abîme : le miroir n’existait que par les reflets de la réalité, l’histoire du miroir n’existait que dans le livre d’un auteur inventé pour les besoins du roman initial, roman lui-même décrit par son auteur comme une escroquerie. La critique littéraire mondiale, est-il besoin de le préciser, ne digéra jamais cet affront.
La rupture avec le parti communiste hondurien
Il n’est pas intolérable d’avancer que l’occultation systématique de l’œuvre d’Ignacio Radiguet est, pour une large part, due à sa rupture, dès 1962, avec le parti communiste de son pays.
Les raisons politiques de cette rupture sont profondes, difficiles à exposer en quelques lignes à un public méconnaissant les fondements du rationalisme scientifique et la dialectique hégélienne, mais on rappellera ici que la compagne du maître, Maria Conchita del Toros, l’avait quitté pour finalement épouser le leader du mouvement communiste hondurien, le cardiologue John Badaham-Carter.
Dès lors, l’œuvre de Radiguet emprunta les voies d’une subversion plus subtile et plus littéraire. Ainsi il soutint le coup d’état du colonel Oswaldo Lopez Arellano en 1963, puis le nouveau régime du colonel Juan Alberto Melgar Castro en 1975, puis celui du colonel Policarpo Paz García en 1978. En 1985, il se réjouit publiquement de l’élection de José Simón Azcona Hoyo et son remplacement en 1989 par le conservateur Rafael Leonardo Callejas.
Évidemment, les partis communistes inféodés à Moscou ne manquèrent pas cette occasion de l’accuser de soutien à l’impérialisme américain et à la réaction. Surtout lorsque Radiguet, lors des événements tragiques de la guerre de 1969 contre le Salvador, accepta la charge de censeur officiel du régime.
C’est, là encore, ignorer sciemment le travail de subversion, certes totalement imperceptible et occulte, qu’il effectua à ce poste. Et cela au risque de nuire au confort matériel que lui apportait sa nouvelle position officielle.
Une preuve, une fois encore, de l’intelligence politique du grand homme : son action subversive fut si efficace que personne, y compris parmi les nombreux intellectuels qui s’étaient mis au service du régime - jamais, de leur part, pour des raisons autres que le soutien plein et entier à ce régime -, personne ne découvrit ni ne soupçonna son double jeu.
Bravo ! Bravo ! Bravoooo !
...exulte l’assemblée des amateurs (de bon goût) des chroniques du scarabée, néanmoins prête à traiter l’auteur de "feignasse", et de "j’en foutre", s’il s’avisait de faire la grêve du clavier (occupation intermittente, s’il en est), ou simplement de tarder à livrer la prochaine...
En ce si triste moment, la décence et Ma morale M’interdisent d’engager une polémique, mais Je souhaite prendre date.
En effet, Raoul Bilbao ne peut prétendre être le seul correspondant européen de notre très cher et très regretté Maître.
Raoul Bilbao débatait essentiellement des questions d’agriculture avec Ignacio (qui constestait par ailleurs la récente conversion au José Bovisme de Raoul Bilbao) ;
Alors que le poétisme, cette analyse d’une lucidité implacable, ce regard de pure raison que notre cher maître portait sur ce monde complexe, composaient le menu des entretiens que Nous partagions régulièrement.
Titrer "paysan-poète" Me semble une faute de goût avérée. J’aurai titré "poète-paysan".
– Juan Malaga Del Sol.
Il est des mots, monsieur, qui tuent plus efficacement qu’une balle de pistolet de gros calibre tirée à bout portant dans la nuque. Le ragot de bas étages et la diffamation institutionnalisée sont de ces méthodes ignobles destinées à abattre un homme. En ce jour de mémoire, monsieur, votre intervention est sans doute la meilleure façon de nous rappeler quÉ-il y aura toujours des salauds disposés à assassiner des Allende sur le perron des palais présidentiels si cela sert leurs minables aspirations personnelles.
Mon ami Raoul Bilbao est blessé, monsieur, et il ne vous répondra pas. Vous avez tenté de le tuer, mais sachez que je ne laisserai pas faire. CÉ-est en effet dans le Scarabée-point-com, et non sur quelque site cropophage et nécrophile tel quÉ-il en fleurit quotidiennement sur cet internet de la médiocrité et de la récupération, quÉ-il a souhaité publier son admirable papier. Il est de mon devoir, en tant quÉ-ami et en tant quÉ-éditeur, de laver le linge immaculé de sa réputation, ce linge que vous savez ici sali en public. Sachez également que jÉ-ai communiqué toutes les informations dÉ-identification en ma possession à son conseiller juridique, qui entreprendra dans de brefs délais les procédures nécessaires qui vous confondront devant la justice des Hommes.
Il nÉ-est nullement surprenant que les vautours tentent de sÉ-accaparer la dépouille du paysan-poète. Voilà qui est facile. Et lÉ-on verra surgir, sur son cadavre, la multitude des vers grouillants qui prétendront lÉ-avoir connu et aimé afin de vendre É oui, vendre É les restes de sa chaire pourrissante. Auriez-vous, monsieur, lÉ-intention de publier à votre tour quelque biographie éclairée ? Auriez-vous, monsieur, lÉ-envie de vous présenter, sur les plateaux de télévision, en tant que spécialiste de lÉ-Éuvre du cher disparu ?
Je vous confirme que Raoul Bilbao était bien le seul correspondant dÉ-Ignacio Radiguet. Ce fait est avéré et incontestable. Le 24 septembre 1983, le maître nÉ-écrivait-il pas à mon ami : « Raoul, estes lÉ-unico correspondante que yo tieno sul continente europeano. » Et, à nouveau, dans une missive datée du 8 mars 1992 : « Raoul, amico mio, yo mucho appreciado que tu es el solo correspondante que yo tieno sul continente europeano. » JÉ-ai dÉ-ailleurs moi-même fait les frais de cette amitié exclusive ; ayant souhaité, avec une déférence extrême, témoigner au maître de ma profonde dévotion envers sa personne, jÉ-ai reçu en avril 1995 cette réponse : « Buenos dios, yo soy el secretario del maestro Radiguet. El maestro non possodo respondare a la missiva tua, porque lÉ-unico correspondante autorisado y officiale del maestro Ignacio Radiguet sur continente europeano e, nominativamente y exclusivamente, il signor Raoul Bilbao. »
Vous prétendez que mon ami nÉ-a discuté que de questions agricologiques avec le maître. Cela est à la fois vrai et affreusement réducteur. Cette attaque démagogique ne saurait toucher que ceux qui, encore une fois, tentent de faire entrer lÉ-Éuvre de Radiguet dans les petites cases simplistes de la critique littéraire mondialiste. Vouloir séparer la poésie du maître de sa dimension agricole, et inversement, est une hérésie facile. Comme lÉ-a admirablement démontré mon ami Raoul Bilbao, toute la littérature du maître était consacrée à la défense des petits paysans sans terre de la région du Copan occidental. Et quel meilleur moyen de leur apporter la liberté et lÉ-autonomie quÉ-un traité agricole ? Je citerai par exemple son exemplaire traité La cultura symbolica delle patatos, et encore son ode poétique LÉ-agricultura por el pueblo, ou encore son très radical Marxismus y carotas.
Enfin, votre remarque sur le titre « paysan-poète » quÉ-il faudrait remplacer par « poète-paysan », démontre de manière définitive votre inculture et votre forfanterie. Jamais le maître nÉ-aurait accepté dÉ-être ainsi ramené à une définition éthérée, aussi radicalement coupée des racines terriennes. Sa poésie, monsieur, était profondément ancrée dans lÉ-humus social de sa bien-aimée terre du Copan.
Longtemps on a cru que la hyène était le seul animal de la création se nourrissant de la viande des charognes. Nous savons, grâce à vous, que certains humains se livrent sans vergogne à de telles pratiques.
Veuillez recevoir, monsieur, le froid soufflet de mon mépris cinglant.
Monsieur le secrétaire,
Si J’ai souhaité prendre date, outre le respect dû à la mémoire de Mon très cher maître, c’est aussi parce qu’il M’était matériellement impossible de rédiger le droit de réponse argumenté et documenté que méritait votre éditorial.
Sachez, en effet, que Je suis en ce moment en mission diplomatique et humanitaire spéciale pour le compte de Mon très cher ami Kofi Annan : une rixe entre clans tribaux et religieux, ainsi que, croit-on savoir, la présence inopportune d’une soldatesque occidentale risquant d’enflammer la Mésopotamie Pétrolifère Centrale, Kofi M’a demandé d’aller sur place régler ce problème puisque Je connais parfaitement cette région, ses langues et ses coutumes exotiques pour y avoir déjà voyagé une fois — dois-Je rappeler les magnifiques poèmes que J’y ai composés et gravés directement en sumérien, et que Mon très regretté Ignacio, séduit, avait traduit en arawak et publié (Editionnes de la poesia y de la humanidad, Crawford Ranch, Texas, 1991), ce qui avait scellé une profonde amitié.
Depuis ce jour nous nous sommes toujours entretenus, souvent en s’échangeant des tablettes que nous gravions, au burin et en sumérien, en souvenir de ce 12 septembre 1990 où nous nous rencontrâmes. Treize ans. Déjà.
Ignacio tenait absolument à ce que nous utilisions des tablettes qu’il cuisait lui-même après avoir mélangé et pétri la terre et un peu de paille de sa campagne natale autour de Santa Rosa di Copan, qu’il appelait ses "tablettas". Nous profitions du feu pour griller "à la plancha" d’étranges animaux dont nous nous délections.
Vous constatez, monsieur le secrétaire, que si Je n’ai peut-être pas le bénéfice de l’antériorité, Je crois pouvoir prétendre, nonobstant la fausse modestie qui ne saurait Me caractériser entièrement, à l’exclusivité des relations éthérées entre Ignacio et notre vieux continent.
Je peux également me prévaloir d’avoir buriné la terre natale où repose désormais Ignacio — bien que j’eusse préféré tenir secret ce lien intime — ce qui M’octroie aussi quelque aptitude à comprendre la dimension paysanne de ce très grand poète.
Sachez enfin que Je ne blesse jamais. Je tue. Le gros gibier uniquement.
J’envisage effectivement de publier dans l’hebdomadaire à qui Je fais l’honneur d’écrire chaque semaine une anthologie de Mes meilleurs échanges avec Ignacio. Mais le choix est difficile : tout est Grand.
Le salon de poétisme que Je fonde à Paris cet hiver s’appelera bien entendu du nom de Mon très cher maître. Peut-être vous y verrai-je, en sabot ?
Vos lecteurs, s’il en reste, Me pardonneront les quelques raccourcis que J’ai du concéder : Ma mission débute. Je vous lis et écris via liaison satellitaire depuis l’avion qui M’emporte vers la mésopotamie. Et depuis la suppression de la 1ère classe, il ne reste que la classe affaires dont vous connaissez sans doute l’inconfort. Surtout pour graver avec un couteau en plastique ; mon coupe-ongle m’ayant été supprimé.
– Juan Malaga Del Sol.
Hé bien soit, monsieur ! Les preuves épistolaires des relations que vous entreteniez avec notre très cher maître, reçues à lÉ-instant sur ma machine à fax, me convainquent de votre bonne foi. Il appert donc que, vous aussi, étiez un correspondant régulier du grand homme, et quÉ-à vous aussi il témoignait une affection toute « exclusive ».
Quelle admirable cohérence que celle de notre cher Ignacio ! Jusque dans la mort il aura donc su rester fidèle aux principes que, toute sa vie durant, il a appliqués à son Éuvre et à son existence.
Ainsi donc, de la même façon :
– quÉ-il avait berné ses lecteurs au travers dÉ-une Éuvre pornographique à la subversion totalement occulte,
– quÉ-il avait ridiculisé la critique littéraire néolibérale en lui livrant un chef-dÉ-Éuvre inepte vendu à plusieurs centaines de milliers dÉ-exemplaires, dans lÉ-unique but de défendre sa vision ô combien personnelle de lÉ-Art,
– quÉ-il avait dénoncé ses anciens camarades marxistes au nouveau régime militaire de son pays (tous furent fusillés) avec, pour seule motivation, la défense du prolétariat paysan face aux intérêts des grands propriétaires terriens,
ainsi donc il nous a également bernés, nous, ses uniques amis européens.
Il y a dans cette cohérence quelque chose de profondément sublime. Nous voilà totalement ridiculisés, bafoués, humiliés, décrédibilisés, et cela pour la réalisation de lÉ-Éuvre ultime du défunt génie. De ma vie mon bonheur et ma fierté dÉ-avoir servi une telle Éuvre nÉ-auront été aussi immenses.
Votre très dévoué,
Raoul Bilbao
P.S. É tout hasard, ne seriez-vous pas également membre du Cercle très exclusif des Amis de lÉ-Éuvre immortelle dÉ-Herbert Quain ?
Monsieur, et désormais très cher Raoul,
Je crois maintenant, en effet, que Notre très cher Ignacio, voyait loin. Très loin. Plus loin encore.
Comme vous le subodoriez, cet être dual nous manipulait. Dans un sens mystique. Il nous façonnait, nous pétrissait. Nous préparait à la révélation, à l’Apocalypse que ne manquerait pas de déclencher sa mort.
Je ne voyais que le poète ; il me donnait la terre, sa terre ; me signifiant ainsi qu’il me fallait aussi être paysan. Mais, alors, Je ne comprenais pas.
Peut-être, vous-même, silencieux témoin de ces magnifiques fusillades, ne pouviez, alors, y déceler la dimension artistique, cette amorce du poétisme qu’il développera ensuite.
Et ces anciens camarades marxistes, ont-ils compris ?
Et ces prolétaires paysans, comprennent-ils ?
Ainsi donc il fut un oxymoron vivant. Quel Génie et quelle Gloire pour Nous de l’avoir connu !
Dès Mon retour à la civilisation vraie, Je ne manquerai pas de citer votre expérience avec Ignacio à mes amis des médias (A ce propos J’ai choisi de ne plus me rendre sur les plateaux cathodiques : il y fait trop chaud).
Je dois, hélas, abréger ce billet : mon avion se prépare à atterrir en Mésopotamie. Je savais y avoir laissé un impérissable souvenir : les autochtones tirent des fusées en notre direction pour Me rendre les honneurs que Je mérite.
Bien à vous et très cordialement,
– Juan Malaga Del Sol.
PS : Je ne crois pas faire partie du Cercle dont vous me parlez, mais Mes activités alter-mondaines sont si vastes.
Ignacio est mort mais Raoul vivra !
"No pasaran los démonios del capitalismo salvaje !Hasta siempre continueremos la lucha !"
Ramon Chacha (cumpanero del primero, padre del segundo, amigo de todos los otros)
Jorge Luis, quand tu nous tiens ...
Pourquoi donc avoir choisi l’image de l’homme pleurant le départ des drapeaux français pour l’Afrique du Nord en 1940 pour illustrer cet article ?
Et où l’avez-vous trouvée ?
ce qui est certain, c’est que la photo est à pleurer de rire ! :))))))) cette tête !!!!!
homme pleurant le départ des drapeaux français pour lÉ-Afrique du Nord en 1940
Éa, c’est de l’info ! et je ne moque pas...
J’ai toujours cru qu’il s’agissait d’un homme pleurant devant le défilé de l’armée Allemande, toujours en 1940.
Où avez-vous trouvé vos sources ?
La maison d’édition bien connue "Editiones popularios por un marxismus-leninismus applicado alla libercion del proletarios" est bien sûr "Editiones popularios por un marxismus-leninismus applicado alla liberacion del proletarios", comme le lecteur érudit l’aura noté et corrigé lui-même.
Beau boulot, y compris dans les faux liens/réponses :) Mais je me garderai d’utiliser tes raccourcis, des fois que ce soit du poil à gratter ;)