Le Scarabée
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Savant de Marseille

par ARNO*
mise en ligne : 29 juin 1996
 

Hubert Reeves est-il soluble dans l’espace-temps ?

Ben quoi : je méprise Hubert Reeves au dernier point ! Cela m’a valu un abondant courier, sur le thème : « Si vous n’êtes pas assez intelligent, Môssieur, pour comprendre Hubert Reeves, c’est votre problème ». Non, non, je persiste : le très médiatique astrophysicien n’est qu’un autre représentant de ces pseudo-scientifiques, pseudo-spécialistes en tout (de l’existence des extraterrestres aux essais nucléaires français...), chantres d’une pseudo-vulgarisation télévisuelle.

Le bonhomme a choisi le bon créneau : l’astrophysique. Une discipline qui mêle les théories scientifiques les plus percutantes (relativité générale), les plus complexes (la physique quantique, dérivée de la précédente), les plus connues du grand public (les pommes de Newton), qui touche aux grandes inconnues métaphysiques (d’où venons nous, sommes nous seuls, et Dieu dans tout ça ?), et qui aborde des notions insaisissables par l’esprit humain (l’univers est infini mais en pleine expansion, l’univers fut, à l’origine des temps, concentré en un seul point, et différentes variantes de l’espace-temps...). Où trouve-t-il le temps de se consacrer à la science, entre deux bouquins, trois interviews et quatre émissions de télé ? Ah... les mystères de l’espace-temps !

La télé en a connu, des vulgarisateurs de tous poils, de Michel Chevalet (Directeur Scientifique de TF1 et LCI, un beau titre façon CNRS pour faire sérieux) à Bonaldi, en passant par les sympathiques Igor et Grishka de Temps X (qui avaient quand même l’avantage de nous faire rigoler). Typiquement, après le « c’est pas compliqué » qui lance l’exposé, c’est un verbiage pseudo-scientifique inutile et approximatif, qui ne montre que l’incompétence du journaliste apprenti-savant. La lecture du journal des Castor Junior en apprend plus sur la vie, et même Science et Vie Junior aurait honte de publier de telles âneries.

Alors Hubert a opté pour un positionnement marketing légèrement décalé. Le look se situe entre un Pasteur sous acides et un Einstein après un coup de vent, et le vocabulaire donne dans le lyrique. Le créneau médiatique visé est clair : Hubert Reeves donne dans le savant (pas le scientifique, hein) début de siècle, propre a faire rêver le monde rural et à rassurer le bon peuple.

J’avais tort : Hubert Reeves est bel et bien un génie !

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